Je conçois mon travail comme un territoire à explorer, un espace sensoriel où l’obscurité, les volumes contraints et les indices disséminés deviennent les jalons d’une expérience immersive. Travaillant entre l’installation, la peinture et l’objet sculpté, je cherche à créer des environnements qui ne se contentent pas d’être regardés, mais qui exigent d’être parcourus, ressentis et déchiffrés.

 

Ma démarche interroge la perception et la narration en brouillant les frontières entre le tangible et la fiction, nourrie par le fantastique, la fantasy et la science fiction. Chaque élément de mes installations est minutieusement fabriqué, affirmant un attachement à l’artisanat comme geste fondamental. Je conçois mes œuvres comme des fragments d’un récit en perpétuelle mutation, où le spectateur ou la spectatrice devient un·e acteur·rice, un·e marcheur·euse en quête de sens.

 

Créer des artefacts fait partie intégrante de cette démarche. Collectionneur dans l’âme, je suis fasciné par la manière dont les objets portent des récits, des strates de mémoire et d’imaginaire. Mes œuvres fonctionnent comme des artefacts d’un monde fictionnel, presque comme du “stuff” à collecter dans un RPG. Chaque pièce devient une relique, un vestige à s’approprier, prolongeant l’expérience au-delà de l’installation elle-même.

 

L’obscurité, omniprésente, ne dissimule pas mais révèle, obligeant à une attention accrue. L’espace que je construis se veut énigmatique, parfois oppressant, jouant sur l’inconfort comme moteur d’immersion. Je ne cherche pas à rassurer mais à proposer une expérience où la perte de repères devient un passage initiatique, une altération du réel qui questionne notre rapport à l’inconnu. 

 

Entre rêverie et cauchemar, entre vestige et invention, je cherche à provoquer un basculement. Une fois l’expérience terminée, il n’en reste que des traces, des sensations diffuses, et la certitude que l’espace exploré continue d’exister quelque part, dans la mémoire du corps et de l’imaginaire.